Spinoza a dit que la tempérance est une régulation volontaire de la pulsion de vie, une saine affirmation de notre puissance d’exister, et spécialement de la puissance de notre âme sur les impulsions irraisonnées de nos affects ou de nos appétits. La tempérance n’est pas un sentiment : c’est une puissance, c’est-à-dire une vertu. Ainsi, la tempérance est cette modération par quoi nous restons maîtres de nos plaisirs, au lieu d’en être esclaves.
La prudence
La prudence est cette paradoxale mémoire du futur, ou cette paradoxale et nécessaire fidélité à l’avenir. Morale sans prudence, c’est moral vaine ou dangereuse. « Caute » disait Spinoza : « Méfie-toi. » C’est la maxime de la prudence, et il faut se méfier aussi de la morale quand elle néglige ses limites ou ses incertitudes. De facto, la prudence conditionne toutes les autres vertus.
La fidélité
La fidélité est la quintessence des valeurs et des vertus. La fidélité à la pensée car on ne pense pas n’importe quoi, puisque penser n’importe quoi ce ne serait plus penser. La fidélité à la morale, la loi morale étant atemporelle, il s’agit d’obéir. La fidélité est soumise à la loi morale, non la loi morale à la fidélité. La fidélité dans le couple, repose sur l’amour et la durée. Il suppose donc la fidélité, puisque l’amour ne dure pas qu’à la condition de prolonger la passion par mémoire et volonté.
La Politesse
La politesse représente une qualité intrinsèque de l’humanité, car elle précède la morale. Les bonnes manières précèdent les bonnes actions, et y mènent. La morale est comme une politesse de l’âme, un savoir-vivre de soi à soi. Une étiquette de la vie intérieure, un code de nos devoirs, un cérémonial de l’essentiel. Inversement la politesse est comme une morale du corps, une éthique du comportement, un code de la vie sociale, un cérémonial de l’inessentiel.