Donald Trump adopte un comportement imprévisible sur la scène internationale visant une hégémonie mondiale. L’Amérique gendarme du monde libre après 1945, multiplie les opérations armées. « Hyperpuissance » ayant tous les critères de la puissance, « nation indispensable ». Le messianisme états-unien ravive l’ambition de cette nation à propager la liberté dans le monde. Mais à quel prix ? Quelles en sont les conséquences ? Est-ce que cet hubris qui guide les Etats-Unis ne la prédestine pas au même sort que l’empire romain ?
Le dictionnaire américain webster, définit le mot « impérialisme » comme « la politique, la pratique ou la promotion de l’extension de la puissance et de la domination d’une nation, en particulier sur des territoires étrangers, par des acquisitions territoriales directes ou en obtenant un contrôle indirect sur la vie politique ou économique d’autres régions ».
La majorité des américains, jurent que leurs pays n’est pas impérialiste. Ils expliquent qu’il est né d’une lutte coloniale contre l’empire britannique et s’est toujours opposé à la colonisation. Pour eux, l’impérialisme appartient aux vieilles puissances européennes qu’ils ont cherché longtemps à tenir à distance en pratiquant l’isolationnisme.
Histoire d’un néo-empire
L’expansion est le moteur de l’histoire américaine, de la première colonie qui s’installe le long de l’océan atlantique en 1607 à la constitution d’un gigantesque territoire de 10 millions de kilomètres carrés, qui s’étend jusqu’aux rives du pacifique à la fin du 19ème siècle. Les besoins de développement économique nourrissent la conquête des terres.
Au tournant du 19ème siècle, Thomas Jefferson, théorise « l’empire de la liberté », qui libère en apportant aux peuples annexés les valeurs américaines. Au milieu du 19ème siècle, cela est renforcé par l’idée de « destinée manifeste » : Dieu a choisi les américains pour coloniser l’Amérique du Nord.
Durant les années 1880, les américains aspirent à une « nouvelle destinée manifeste ». Grands gagnants de la révolution industrielle et de la mondialisation, ils rivalisent désormais économiquement avec le tout-puissant empire britannique. Leur population a été multipliée par 12 depuis la création du pays et ils sont désormais 50 millions. Ils ont besoin de ressources et de débouchés sans précédent alors même que les terres de l’Ouest sont colonisées. L’expansion outre-mer paraît la solution.
La Première Guerre mondiale redéfinit les paramètres de l’impérialisme américain. Jusqu’en avril 1917, les américains ont cru pouvoir se conformer aux fondamentaux de leur politique : se tenir à l’écart des guerres européennes et faire du commerce avec tous les belligérants. L’interdépendance de leur économie avec celles des forces en présence – ils font deux tiers de leur commerce extérieur avec les Européens – et les menaces que l’empire allemand fait peser sur leurs intérêts économiques les entraînent dans la guerre.
Le président Woodrow Wilson imagine un monde qui n’est plus régi par les puissances européennes mais remodelé à partir des valeurs américaines. Le président Woodrow Wilson se fait messianiste affirmant que « le peuple américain n’a jamais douté de sa vocation à propager la liberté dans le monde ».
Dans les années 1930, F. Roosevelt imagine pour l’Amérique latine une politique dite du « bon voisinage » qui réduit les ingérences militaires américaines mais pas la dépendance économique. Dans le Pacifique, les rivalités avec l’autre grande puissance, l’empire nippon, finissent par entraîner les Etats-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale en décembre 1941 avec l’attaque sur Pearl Harbor. Quand vient la victoire en septembre 1945, le nouveau président Harry. S Truman est à la tête d’une superpuissance sans précédent qui allie la puissance économique, culturelle, militaire et politique.
L’entrée de la guerre froide en 1947 fait entrer les Etats-Unis dans le rôle de leader du monde « libre » face à l’URSS communiste. Ils ouvrent des centaines de bases dans le monde, deviennent les premiers vendeurs d’armes de la planète auprès des partenaires qui dépendent désormais de leur protection. La défense de leurs intérêts géostratégiques a toujours constitué la priorité des américains. Elle se double désormais de la défense et de l’exportation du modèle libéral et démocratique. Le messianisme connaît un second souffle. Les Etats-Unis mettent en place une diplomatie publique qui cultive l’influence pour rallier les opinions publiques étrangères aux idées américaines plutôt que l’imposition par la force ; un soft power qui ne dit pas encore son nom. Cela passe par des programmes d’échanges universitaires (Fulbright) ou encore des programmes d’informations internationaux – la radio Voice of America.
Pax Americana
Les américains se rallient à cette Pax Americana par anticommunisme mais aussi parce qu’elle concourt à la puissance américaine. Les Etats-Unis sont alors affaiblis par la guerre du Vietnam. Ce qui a commencé comme un simple soutien militaire à un régime anticommuniste dans le cadre du Containment de guerre froide est devenu une guerre de forte intensité que les Américains s’avèrent incapables de gagner face à un petit pays. Les manifestations contre leur intervention militaire se multiplient partout dans le monde, encore plus nombreuses qu’au temps de leur participation à la guerre de Corée (1950-1953).
Le Vietnam réveille ce combat anti-impérialiste qui, à l’époque, est synonyme d’anti-américain. La contestation gagne aussi les Etats-Unis, ce qui est sans précédent. La médiatisation des massacres de civils, notamment celui de My lai, qui fait 500 morts en mars 1968, horrifie les américains qui refusent désormais majoritairement cette guerre perçue comme immorale et néocolonialiste. Elle les conduit à réinterroger la politique des dernières années, entre soutien à des dictatures au nom de la guerre froide et le poids croissant du complexe militaro-industriel, qui porte le risque du militarisme.
En 1980, les Américains élisent aussi Ronald Reagan, un homme qui promet de « rendre l’Amérique grande à nouveau » (Make America great again). En une génération, le peuple américain s’est habitué à la superpuissance et n’est plus prêt à y renoncer. Il y adhère au point de réélire Reagan en 1984. L’Amérique se lance dans la course aux armements avec l’URSS qui contribue à la disparition de cette dernière en 1991. Les Américains sont les vainqueurs de la guerre froide. Devenus la seule superpuissance, les Etats-Unis doivent repenser leur rapport au monde. Ils deviennent une « hyperpuissance » (Hubert Védrine) qui a seule tous les atouts de la puissance, la « nation indispensable » (Bill Clinton). Les Etats-Unis sont les grands gagnants de la mondialisation dans les années 1990 et notamment de la nouvelle mondialisation financière. Pendant neuf ans, ils connaissent une croissance économique sans précédent par sa durée.
Nation belliciste
A la suite des attentats du 11 septembre 2001, le président George W. Bush annonce faire la guerre en Afghanistan au nom des libertés. Alors, qu’en Irak la guerre se fait préventive sans motif légitime et de façon unilatérale. In fine, les Etats-Unis se retrouvent en guerre pendant vingt ans, des guerres qu’ils n’arrivent pas à gagner malgré un coût énorme d’un milliard de dollars par jour. Quant à Barack Obama, il tente de restaurer l’image de l’Amérique. Et priorisant la lutte contre la crise économique qui frappe le pays depuis 2008 et aux questions sociales comme la réforme de l’assurance maladie, l’Obama Care (Affordable Care Act), adopté en 2010. Avec l’avènement de Donald Trump, sa présidence constitue une rupture avec le passé, porté par le slogan « Rendre l’Amérique grande à nouveau » (Make America great again), Trump lance des guerres protectionnistes. Assumant une politique unilatéraliste qui se double d’une diplomatie du deal et de la menace. Affirmant la priorité : « l’Amérique d’abord » (America first).
