Le courage

courage

Pour un athée, le courage face à la mort est le courage des courages. Le courage n’est pas l’absence de peur : c’est la capacité de l’affronter, de la maitriser, de la surmonter. Le courage a affaire au présent, et relève de la volonté, toujours, beaucoup plus que de l’espérance. Or, que faut-il pour être courageux ? Il suffit de le vouloir, autrement dit de l’être en effet.

De toutes les vertus, le courage est sans doute la plus universellement admirée. Partout la lâcheté est méprisée : partout la bravoure estimée.

« Le courage n’est pas une vertu, disait Voltaire, mais une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes. »

Ce que nous estimons, dans le courage, culminant dans le sacrifice de soi, ce serait donc d’abord le risque accepté ou encouru sans motivation égoïste.

Pour un athée, le courage face à la mort est le courage des courages : parce que le moi n’y peut trouver aucune gratification concrète ou positive. Trouver son plaisir dans le service d’autrui, trouver son bien-être dans l’action généreuse, c’est le principe de la vertu.

Le courage n’est pas l’absence de peur : c’est la capacité de l’affronter, de la maitriser, de la surmonter, ce qui suppose qu’elle existe ou devrait exister. Le courage intellectuel, qui est le refus, dans la pensée, de céder à la peur : le refus de se soumettre à autre chose qu’à la vérité, que rien n’effraie et fût-elle effrayante. C’est aussi ce qu’on appelle la lucidité, qui est le courage du vrai, mais à quoi aucune vérité ne suffit. Toute vérité est éternelle ; le courage n’a de sens que dans la finitude et la temporalité – que dans la durée. Il nous faut du courage pour durer et endurer, du courage pour vivre et pour mourir, du courage pour supporter, pour combattre, pour résister, pour persévérer…

Le courage est dans l’effort

« C’est dans les affaires les plus dangereuses et les plus désespérées qu’on emploie le plus de hardiesse et de courage »,écrivait Descartes.

« Les gens vraiment courageux n’agissent jamais que pour la beauté de l’acte courageux »,écrivait Aristote.

Spinoza appelle fermeté d’âme (animositas) ce « désir par lequel chacun s’efforce de conserver son être sous la seule dictée de la raison ». Mais le courage est dans le désir, non dans la raison ; dans l’effort, non dans la dictée. Il s’agit toujours de persévérer dans son être, et tout courage réside dans la volonté. « Il faut donc sortir de la peur par le courage », disait Alain. Et il faut du courage, pour durer et endurer, pour supporter sans se rompre cette tension que nous sommes, ou cet écartèlement, entre passé et avenir, entre mémoire et volonté. C’est la vie même, et l’effort de vivre (le conatus de Spinoza).

Le courage a affaire au présent, et relève de la volonté, toujours, beaucoup plus que de l’espérance. Les stoïciens la savaient, qui en firent une philosophie. On n’espère que ce qui ne dépend pas de nous ; on ne veut que ce qui en dépend. C’est pourquoi l’espérance n’est une vertu que pour les croyants, quand le courage en est une pour tout homme.

Il est surtout nécessaire d’être courageux quand l’espérance fait défaut ; et que le héros véritable sera celui qui saura affronter non seulement le risque mais aussi le cas échéant, la certitude de la mort ou même, de la défaite ultime.

Aristote, le courage dans sa forme la plus haute, est « sans espoir », voire « antinomique de l’espérance : par là même qu’il ne nourrit plus aucun espoir, l’homme courageux devant une maladie mortelle l’est davantage que ne l’est le marin dans la tempête ».

Rabelais expliquait : « selon la vraie discipline militaire, jamais ne faut mettre son ennemi en lieu de désespoir, parce que telle nécessité lui multiplie sa force et accroît son courage ».

Guillaume d’Orange : « Il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »

« La vertu d’un homme libre se montre aussi grande quand il évite les dangers, écritSpinoza, que quand il en triomphe : il choisit la fuite avec la même fermeté d’âme, ou présence d’esprit, que le combat. »

La hardiesse, n’est ainsi vertueuse que tempérée par la prudence : la peur y aide, la raison y pourvoit.

Scroll to top