PLATOON : Prémices de la troisième guerre mondiale

Face à un morcellement d’un monde en pleine mutation, via la recrudescence des points de tension. On l’a notamment vu avec les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient. Les cartes sont rebattues, de nouveaux acteurs émergent telles que les BRICS+, ainsi qu’une polarisation des forces régionales à l’image de la Russie, l’Inde, l’Iran, le Pakistan, l’Arabie Saoudite et la Corée du Nord… Le progrès technologique nous conduit vers une idéologie mortifère où pour assurer la paix, il faut engager un rapport de force permanent pour assurer un équilibre des puissances, in fine, assurer la paix. Mais à quel prix ? Si l’on échoue à assurer cet équilibre des puissances, pourrait-on déclencher une troisième guerre mondiale ?

« On ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve » Héraclite

1) Accélération de l’histoire

« L’histoire du genre humain, c’est la Guerre. Sauf pendant de brefs et fragiles intermèdes, le monde n’a jamais connu la paix ; et, avant le début de l’Histoire, les conflits mortels étaient universels et sans fin » Winston Churchill

On assiste aujourd’hui à une recrudescence des points de tension à travers le monde, en effet, nous faisons face à une accélération stratégique, soit une multiplication d’actions délibérées, qui modifient les équilibres de puissance et transforment les théâtres régionaux. Cette accélération a pris de vitesse des dirigeants européens habitués au confort du statu quo. Avec notamment le réchauffement climatique à une cadence élevée : entre 2013 et 2022, il a augmenté d’environ 0,2°C.

Il existe aussi une seconde évolution notamment la transformation de l’émergence économique en revendication politique avec pour enjeu « le nouveau partage du pouvoir ». Le format des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) représentait fin 2022, 31,5% du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat (PPA) contre 31% pour le G7. Six autres pays (Argentine, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis (EAU), Egypte, Ethiopie, Iran) les rejoignent en 2024. Par ailleurs les Etats-Unis conservent leur place unique sur la scène internationale grâce à leur puissance de réseaux, et à s’adapter à une nouvelle ère, celle de « la compétition à l’âge des interdépendances » : en 1980, ils représentaient 25% du PIB mondial ; encore 25% quinze ans plus tard à l’acmé de leur moment unipolaire ; encore 25% en 2023. Cette position prédominante repose en grande partie sur leur maitrise technologique et globale des nœuds par lesquels transitent les principaux flux financiers et d’informations. Ainsi, les Etats-Unis se livrent à « une arsenalisation des interdépendances », soit à leur instrumentalisation à des fins de pression au nom de la « sécurité économique ». Pour exemple, les autorités américaines ont ciblé efficacement Huawei, le groupe chinois de télécommunications, lorsque celui-ci s’est risqué à approcher le cœur des réseaux de leurs alliés européens.

Enfin, la troisième évolution concerne le triptyque : Corée du Nord, Iran, Russie qui ont adopté une attitude de confrontation ouverte à l’égard des pays occidentaux. On sait que la Russie dispose du plus grand arsenal nucléaire au monde et mène des cyberattaques contre les pays occidentaux. Quant à la Corée du Nord, en moins de vingt ans et malgré son isolement international, elle est parvenue à se doter d’armes nucléaires et de capacités balistiques au détriment de sa population. Enfin, l’Iran poursuit son programme nucléaire afin de nourrir ses ambitions de puissance.

Ces trois pays cultivent leur rapprochement tout en se rapprochant avec la Chine. La Russie, puissance nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, se livre à une « sanctuarisation agressive », c’est-à-dire, un chantage territorial sous protection nucléaire, à l’Ukraine.

Ainsi l’accélération stratégique, qu’on a pu observer sur plusieurs théâtres, nous contraint de réintégrer le facteur nucléaire dans tous les calculs, et à les complexifier avec les inconnues nord-coréenne, pakistanaise, israélienne et iranienne.   

2) Un monde fracturé

« Il faut convaincre les peuples d’Europe que l’on ne peut pas vivre de son passé, que tout ne nous est pas dû simplement parce qu’on a eu des malheurs ». Raymond Aron

La guerre en Ukraine est le prisme à travers se révèle les intérêts et les calculs des Etats, mais aussi toutes les frustrations et les passions des nations. Ainsi, les Etats-Unis continuent d’occuper une place centrale dans la géopolitique mondiale, grâce notamment à ses atouts structurels, naturels et culturels. Par ailleurs, la dédollarisation est loin : on retrouve la monnaie américaine dans environ 90% des transactions de change, 60% des réserves des réserves de change, 50% des factures commerciales, près de la moitié des titres de créances internationaux, plus de 40% des paiements SWIFT et 40% des prêts internationaux.

De même, la guerre entre Israël et la Palestine accentue les tensions interétatiques au niveau mondial. Il faut savoir que ce conflit est avant tout une question territoriale. Il s’agit de deux peuples qui se battent pour la même terre sur laquelle ils ont tous les deux des droits légitimes, et cela fait maintenant cent ans que ce conflit dure. On peut même nommer ce conflit : la guerre de Cent Ans du Moyen-Orient. La solution réside en deux issues plausibles notamment, soit ces deux peuples partagent cette terre, soit l’un des deux devra partir, mourir ou devenir citoyen de deuxième classe sous la domination de l’autre.

Depuis les accords d’Oslo avec la solution à deux Etats, peu de choses ont été accomplies. En effet, les accords d’Oslo n’ont pas arrêté la colonisation de la Cisjordanie, c’est-à-dire, comme en Ukraine, l’occupation de la terre des autres malgré les résolutions des Nations Unies. On recense aujourd’hui 700.000 colons israéliens en Cisjordanie, soit quatre fois plus qu’au moment des accords d’Oslo, l’objectif étant clairement de rendre impossible la création d’un Etat palestinien.

L’attaque du 7 octobre a signé la fin d’un statu quo qui était intenable. On peut tirer deux leçons de cette tragédie. La première, c’est que la solution ne peut pas être trouvée par les seules parties au conflit et doit être imposée par la communauté internationale, les voisins arabes, les Etats-Unis et l’Europe. La seconde leçon, c’est qu’il faut changer de méthode. Il faudrait que la communauté internationale définisse le point d’arrivée des négociations et par la suite rechercher la négociation entre les parties le chemin pour l’atteindre. Aujourd’hui, les pays arabes refusent de payer une fois de plus pour reconstruire Gaza, s’il n’y a pas la garantie que la solution à deux Etats sera mise en œuvre.

En effet, il n’y a pas de solution militaire au conflit israélo-palestinien. Le Hamas représente avant tout une idée, et on ne peut tuer une idée à coup de bombes. La seule façon de tuer une mauvaise idée, c’est d’en proposer une autre qui soit meilleure, qui donne un espoir, la confiance dans un futur où la paix sera possible. Avec la mise en place d’une solution à deux Etats.

3) Bombe thermonucléaire 

« Les survivants envieront les morts » Nikita Khrouchtchev

La bombe thermonucléaire, ou bombe à hydrogène, date de 1952. Il s’agit d’un dispositif à deux étages : une bombe nucléaire à l’intérieur d’une bombe nucléaire. C’est une bombe atomique à fission qui joue le rôle d’amorce. De détonateur interne. La puissance colossale de la bombe thermonucléaire résulte d’une réaction en chaîne incontrôlée, au cours de laquelle des isotopes de l’hydrogène s’assemblent à de très hautes températures, selon un processus appelé « fusion nucléaire ».

Une bombe A peut tuer des dizaines de milliers de personnes, comme à Hiroshima et à Nagasaki. Dans une ville de la taille de New York ou Séoul, une bombe H en décimerait des millions, en un éclair de chaleur intense. Le prototype dessiné par Richard Garwin en 1952 avait une puissance de 10,4 mégatonnes. L’équivalent de 1.000 Hiroshima ou presque. On fabriqua la bombe. Son nom de code était Mike, et l’opération avait été baptisée Ivy. « C’était donc l’essai Ivy Mike ».

Lors de l’essai qui se tint le 1er novembre 1952 du prototype à Elugelab, dans les îles Marshall. Un cratère de 3 kilomètres de diamètre sur 60 mètres de profondeur. Ainsi, le potentiel exterminateur des bombes se retrouve démultiplié.

En 1945, la bombe atomique lâchée sur Hiroshima a tué plus de 80.000 personnes. La bombe atomique dont le nom de code est « Little Boy », détona 580 mètres dans le ciel au-dessus d’Hiroshima (explosion aérienne). La bombe avait été larguée d’un avion. Il y quelques décennies, en 1960, un groupe de responsables politiques et militaires américains s’est réuni pour discuter d’un plan secret capable de causer la mort de 600 millions de personnes, un cinquième des 3 milliards d’habitants que comptait alors la planète.

C’est pour cela que plusieurs nations optent pour la dissuasion nucléaire, consistant à disposer d’un stock nucléaire considérable pour décourager toute attaque. La dissuasion guide la politique militaire. Le principe est simple : chaque puissance nucléaire bâtit un arsenal pointé sur l’ennemi, prêt à être mis en feu en quelques minutes. Tous les participants s’engagent à n’y recourir que s’ils y sont contraints. Certains estimant que la dissuasion est un instrument de paix.

Aujourd’hui neuf pays détiennent des armes nucléaires : les Etats-Unis, la Russie, la France, la Chine, le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Inde, Israël et la Corée du Nord.

La triade américaine, comportant trois vecteurs de force nucléaire : terrestre, aérien et maritime, comprend :

  • Sur terre : 400 ICBM emportant une ogive chacun
  • Dans les airs : 66 avions (bombardiers B-52 et B-2 furtifs) chargés de plusieurs ogives nucléaires chacun.
  • Dans les mers : 14 sous-marins nucléaires équipés de plusieurs missiles mer-sol balistiques stratégiques (MSBS), qui chacun comportent plusieurs têtes nucléaires.
  • Quant aux cent bombes nucléaires tactiques entreposées sur les bases de l’OTAN en Europe ne font pas officiellement partie de la triade.
Le missile balistique intercontinental (ICBM) : engin de longue portée apte à transporter des charges nucléaires jusqu’à une cible située à l’autre bout du monde. Son objectif est de tuer des millions de personnes à des milliers de kilomètres.
La bombe thermonucléaire produit des phénomènes physiques complexes. Lors du flash lumineux, le rayonnement thermique connait deux pics d’intensité. Le premier dure une fraction de seconde, puis vient le second, si élevé que la peau s’enflamme. La chaleur extrême créée par l’explosion produit une onde de pression centrifuge se comportant comme un tsunami, un immense mur d’air compressé se déplaçant à une vitesse supersonique.  
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