Louis Barthou (1862-1934)

Visionnaire malgré son court passage au ministère des Affaires étrangères, en raison de sa brièveté, du 9 février au 9 octobre 1934, soit huit mois. Laissant peu de traces dans la mémoire collective. En ce début des années 1930, la tentative de Louis Barthou pour sauver l’équilibre européen et faire ainsi barrage aux ambitions hitlériennes naissantes.

Louis Barthou est né en 1862 à Oloron-Sainte-Marie, dans les Basses-Pyrénées (Aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques). L’ascension de ce fils de quincailler est le pur produit de la méritocratie républicaine. Il fait des études de droit, à Bordeaux puis à Paris, où il obtient son doctorat en 1886, à vingt-quatre ans. Il retourne ensuite dans son Béarn natal et s’inscrit comme avocat au barreau de Pau.

En février 1934, surgit sa chance jouer un rôle de premier plan en politique. Le grand pari qui marquera le passage de Louis Barthou aux Affaires étrangères et dont la réussite aurait pu changer l’histoire européenne : l’établissement d’une alliance de revers avec l’Union soviétique, seule possibilité de neutraliser durablement l’Allemagne.

L’alliance russe et ses avantages supposés, est une idée imposée en France entre 1890 et 1914 afin de contrer la Duplice austro-allemande tout en la prenant en étau. Mais les Français de 1934 ne voient pas la nouvelle URSS comme leurs aînés voyaient la Russie des tsars. Le passé politique de Louis Barthou montre, qu’il est aussi anticommuniste que ses compatriotes, mais qu’il sait distinguer les intérêts supérieurs de la France de sa politique intérieure.

Par ailleurs, Barthou a pleinement conscience, contrairement aux Britanniques, que l’Allemagne hitlérienne constitue pour la France et pour l’Europe le danger le plus grave et le plus immédiat. Barthou voudrait faire admettre l’URSS à la SDN. De même, le ministre négociateur Louis Barthou a d’abord à surmonter un obstacle qui peut surprendre : la mauvaise volonté des dirigeants soviétiques. L’hostilité des bolcheviks à la SDN, qu’ils percevaient comme un conglomérat de nations capitalistes hostiles à la jeune révolution, se manifesta dès l’origine et perdura pendant des années.

Attentat

Cependant, le mardi 9 octobre 1934, survient une tragédie qui va mettre fin aux espérances de Barthou. En effet, c’est le premier jour de la visite officielle d’Alexandre Ier. Son arrivée à Marseille se voulait être spectaculaire. Escorté depuis Bonifacio par une escadre française, il fait son entrée dans le Vieux-Port à 16 heures à bord du destroyer Dubrovnik, accostant sur le quai des Belges où l’attend Louis Barthou. A 16h15, le cortège s’engage lentement sur la Canebière. N’ayant parcouru que quelques mètres lorsque, soudain, un homme surgit de la foule et décharge son pistolet sur le souverain. La balle a sectionné une artère, et il perd son sang en abondance… Les médecins ne peuvent plus rien pour lui et il meurt quelques minutes plus tard. Quant à l’assassin, blessé au crâne par le lieutenant-colonel Piollet, touché également par des policiers, lynché par la foule, mourut peu de temps après. C’était un certain Vlado Tchernozemski, nationaliste bulgare, lié aux Oustachis croates. Ce groupe extrémiste, fondé en 1929 par Ante Pavelic, affichait des convictions à la fois fascistes, catholiques, antisémites et nationalistes.

Source : Hubert Vedrine « Les Grands Diplomates »

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