« Si vis pacem para bellum ». Ce précepte intemporel, reste le fondement de la diplomatie, ayant pour fonction de limiter l’usage de la force et d’en exploiter les résultats. Mazarin en a fait sa devise, pacifiant l’Europe, homme d’action et de paix, il n’a cessé d’œuvrer pour la grandeur de l’Europe.
Au début du 17ème siècle, on ne peut pas encore parler de diplomatie. A Rome, le Saint-Père, au-delà de ses fonctions spirituelles, assume le gouvernement des Etats pontificaux sous la forme d’une monarchie élective. Disposant d’un corps diplomatique, il entretient des prélats chargés de représenter, de façon permanente, le Saint-Père dans les principales capitales d’Europe et dispose de bureaux dans les villes importantes comme Milan. Cependant, ces hautes fonctions restent hors de portée pour le jeune Giulio Mazzarini, citoyen romain sans fortune.
A cette époque, il n’y avait pas de moyens de communications sophistiqués tel que le téléphone. Et l’étendue des territoires à couvrir implique l’envoi d’émissaires « extraordinaires » mandatés au coup par coup pour secourir leurs collègues en place et les doubler le cas échéant. Le jeune ambitieux Mazzarini, s’y attèlera. Ce sont des missions qui requièrent de la disponibilité, de la rapidité, de la discrétion. Cette période sera formatrice pour Giulio Mazzarini, ce qui lui permettra dans le futur de devenir le Premier ministre de France et le reconstructeur de l’Europe.
Mazarin pacifiste
Mazarin et le pape Urbain VIII partagent le même amour pour la paix. Cependant, le pape craint la mainmise espagnole sur Rome, enclavée entre des territoires tenus par Madrid. A la fin de 1627, la mort du dernier duc de Mantoue attriste Philippe IV d’Espagne, car l’héritier légitime, un Gonzague-Nevers, a installé un régiment français dans la forteresse centrale de Casale. Craignant d’être privé d’une route vitale vers le nord, Madrid y voit un casus belli. D’un côté des troupes françaises, de l’autre l’armée espagnole se préparent au combat. Pour le pape Urbain VIII, Mazarin semble la personne idoine afin de dissuader leurs chefs, et il le dote d’une lettre d’accréditation à cet effet qui lui ouvre leurs portes. Essayant de raisonner les deux chefs belligérants sur leurs chances dérisoires de sortir vainqueurs de la guerre. Mais en vain. Le 26 octobre 1632, déjà Français et Espagnols s’affrontent, que surgit entre eux Mazarin brandissant un objet blanc, et criant : « Pace ! Pace ! ». Cet exploit de Mazarin lui vaut un début de célébrité dans toute l’Europe.
Montée au pouvoir
Lorsque meurt Louis XIII le 14 mai 1643, son successeur n’est pas encore majeur. Sa mère, Anne d’Autriche, malgré les dispositions testamentaires du défunt, obtient la régence pleine et entière, et choisit Mazarin comme principal ministre. Il sera son professeur en politique, où elle a encore tant à apprendre. La première leçon : doser ses faveurs non en raison de ses sympathies, mais conformément à l’intérêt de l’Etat. En politique extérieure, l’objectif reste le même : mettre fin aux prétentions de l’Espagne catholique à la monarchie universelle.
Depuis 1644 siège en Westphalie un congrès auquel participe l’Europe entière. La paix est ardemment défendue. Divisé en deux pôles : un pour les catholiques et un pour les protestants, c’est-à-dire les luthériens. Mazarin intervient pour y intégrer les calvinistes, dont on ne peut nier l’existence plus longtemps, selon lui. Mazarin ne raisonne pas en Français mais en Européen. L’objectif qu’il vise est la pacification de toute l’Europe, qu’il tient pour une entité. Par ailleurs, la France a un rôle majeur à jouer pour en assurer le maintien parce qu’elle dispose de moyens militaires indéniables. Mais l’idéal serait de ne pas s’en servir. D’où le projet de stabilisation grâce à un équilibre dissuasif entre des blocs de poids équivalents, constitués soit de grands pays seuls soit de regroupements d’Etats plus modestes, de façon à décourager par avance toute agression.
Le traité des Pyrénées, signé le 7 novembre 1659, met fin à un siècle de compétition entre la France et l’Espagne. Ayant pour finalité, l’adhésion forcée de Philippe IV, de consolider définitivement ceux de Westphalie. Et invitant les différents souverains d’Europe à solder leurs comptes. La France est désormais une puissance dominante sur l’échiquier européen, elle revêt le rôle de gendarme de la paix. La paix générale en Europe, Mazarin en est acclamé.
Le 9 mars 1661, Mazarin meurt, satisfait d’avoir rempli la mission dont l’avait chargé Louis XIII : préparer le règne de son fils.